Amans Alexis Monteil

Savant et historien français, né le 5 ou 6 juin 1769 à  Rodez  ( Aveyron ).

Amans Alexis Monteil est issu d’une famille bourgeoise de Rodez où son  père exerçait la profession d’avocat. Monteil reçu sa première instruction sans sortir de la maison paternelle puis entra au collège de la ville. Par sa manière d’étudier et sa raison précoce, il fut la risée de ses camarades. Il brûlait de voir Paris, son père n’étant pas d’accord, il s’engagea dans un régiment qui se dirigeait vers la Capitale.

Son engagement fut cassé, il obtint alors de ne plus être envoyé au collège et s’instruisit lui-même par la lecture. « J’ai lu tous les livres qui me sont tombés sous la main » écrit-il. La Révolution de 1789 éclata lors de ses vingt ans. Cultivé et généreux il en adopta les principes bien qu’en déplorant les excès.

Lors de la division de la France en Départements, il fut nommé secrétaire du district. Puis au moment de la fondation des écoles centrales en 1799, il devint professeur d’histoire dans celle de Rodez et y publia une « Description du Département ».

En 1804, Il accepta une place de professeur à l’école militaire de Fontainbleau, ce qui le rapprochait de la Capitale.

Il se démit de sa fonction au bout d’un an n’ayant pas conscience qu’il était dans un École Militaire ; il enseignait: « La supériorité de l’outil sur l’épée, l’excellence du forgeron sur le capitaine et la priorité du laboureur sur le maréchal ».  

Ses espoirs se réalisèrent quelques années plus tard , devenant bibliothécaire-secrétaire- archiviste à l’école militaire préparatoire de Saint-Cyr jusqu’en1819, date à laquelle il alla se fixer à Passy.

Il vivait de l’achat de vieux papiers et parchemins acquis chez les épiciers, chiffonniers et dans les ventes. Il en recopiait les lignes d’intérêt et les revendait à des dépôts publics ou des particuliers.

Cependant Monteil n’a cessé de s’occuper du grand ouvrage de sa vie, projeté dès sa jeunesse : « L’Histoire des français des divers états ». Il fit paraître les deux premiers volumes en 1827. Dans ce livre au concept tout nouveau, il déclarait son hostilité à ce qu’il appelait « L’Histoire-Bataille ». Un livre seul dans son genre et son esprit dont nous profitons encore aujourd’hui mais celui-ci n’obtint pas les succès dont il était digne. Monteil indique les utilisateurs auxquels son traité est dédié : il est des personnes qui en ont besoin plus que d’autres. Tout d’abord celles qui veulent travailler à l’histoire de leur village, celles qui veulent travailler à l’histoire de leur métier : Agriculture, les agriculteurs ; Arts mécaniques, les artisans ; Beaux Arts, les artistes …. Ainsi la bibliothèque devient un petit temple des sciences, une nouvelle histoire avant la lettre.

La publication de ce livre n’était pas encore achevée quand éclata la révolution de 1830. Monteil la salua comme celles de 1789 puis de 1848. Il se souciait de l’éducation populaire.

La révolution avait jeté sur le marché livres et documents. Il n’a pas toujours été regardant sur la provenance des documents. Certains manuscrits avaient été volés à la bibliothèque de Tours, revendus à la bibliothèque royale. Le commerce et la morale ne font pas toujours bon ménage. Il ramassait tout ce qu’il trouvait sur le marché : manuscrits médiévaux et modernes, tous réunis entre 1830 et 1840.

Il s’était marié de bonne heure à Marie Rivière, dite Annette, née en 1776. Il l’aimait profondément et en fit le plus vif éloge. « Elle avait pour armoirie, une aiguille, moi j’avais une plume ». Il la perdit peu d’années après leur mariage en 1813.

Ils avaient eu un fils Alexis né le 1er mai 1804 qu’il éleva avec le plus grand soin. Celui-ci décéda dans la fleur de l’âge, le 21 septembre 1833.

En 1842, dans les dernières années de sa vie, il acheta une modeste maison à Cély. Située sans doute sur la RD 372 aujourd’hui. «  j’ai acheté une petite propriété, maison et jardin où je me trouvais assez bien s’il ne fallait pas la payer ». C’est là qu’il s’est occupé d’écrire l’histoire de ce village qu’il aimait, de notre village, Cély. Il en connaissait les mœurs, les habitudes, les fêtes, les travaux et les plaisirs: de l’église, tous les curés, du château, tous les maîtres; de 1626 sous Louis XIII, le juste à Madame de Boisgelin, héritière de la maison Harley, Madame de Thou et Monsieur de Saint Marc. Il écrivait l’histoire du village afin que de ses écrtis on put dresser l’histoire modèle des 42000 communes de France.

Bien que pauvre, il créa une médaille d’honneur et pour sa réalisation vendit 2 ares, 4 centiares de bois de taillis, espèces de chêne…. il donnera une médaille, au plus habile laboureur, à la conteuse de veillée, à la bonne servante… ce galant homme ajoutait l’exemple au précepte:  «  le bien faire au bien dire ». L’historien était apprécié pour la profonde raison de ses idées et la modération avec laquelle il exprimait ses propres opinions. Il ne blâmait point, ne louait point. Il ne faisait qu’exposer et décrire.

C’est dans sa maison de Cély que la mort vint le frapper, le 20 février 1850. On peut voir dans l’ancien cimetière de Cély près de l’église, sa tombe au-dessus de laquelle figure son profil, exécuté par le sculpteur David d’Angers ( 1788-1856 ).

Par son style et sa manière originale de présenter les idées, tout ce qu’a écrit l’auteur de « L’Histoire des Français et des divers états » mérite d’être conservé. ( M. Jules Duval : Société de L’Aveyron 1857 )